Dans le cadre du Dak’Art « Off », « Chez Akewa concept » sis à Ngor abrite, du 3 au 18 mai, l’exposition d’art contemporain numérique, « La carte n’est pas le territoire », de l’Ivoirienne Valérie Oka. Elle met en lumière, d’une part, une fusion entre le dessin traditionnel au crayon, le digital et la réalité virtuelle et, d’autre part, des figures marquantes de l’Afrique et du monde noir.
Ndary Lô, Ousmane Sow et Joe Ouakam, dans un quelque part où s’accroît leur éclat, où ils végètent dans l’ombre du mystère, dans leur bulle de permissivité. Et bien d’autres personnalités marquantes de presque toutes les sphères de prouesses. Tout, dans la représentation de Valérie Oka, est récit de sens, voyage dans le temps non pas pour proférer, mutiler ou altérer la vérité mais plutôt pour raconter une histoire mettant en lumière d’emblématiques figures africaines et du monde noir aux regards énigmatiques et familiers.
Le travail de cette Franco-ivoirienne rend compte d’une volonté de jeter un regard distancié avec le roman des trajectoires de vie car justement, « la carte n’est pas le territoire ». La carte, pour elle, est la vision que l’on donne des choses alors que le territoire est réel. Une réalité que s’échine à représenter la carte qui est une forme d’écriture de l’histoire dont l’ « aiguillage » dépend de celui qui l’a dit.
Les créations artistiques de Valérie Oka, premières du genre en Afrique subsaharienne, établissent une « alliance » entre le dessin traditionnel au crayon, le digital et la réalité virtuelle remplis de significations. Elles sont un éloge à la créativité, au génie de l’artiste mais aussi aux possibilités offertes par le digital. « La carte n’est pas le territoire », selon une belle note de présentation du travail de la lauréate du premier prix de l’Union européenne à la Biennale de Dakar en 2002, met en évidence, en 3 actes, « d’une part, un savoir-faire technologique numérique lié à l’expression de la liberté créative de l’artiste internationale, passionnée par les nouvelles technologies numériques et les possibilités qu’elles offrent à l’Afrique de raconter, partager et diffuser son histoire avec ses propres mots et ses visions du monde. Le but est de permettre aux Africains de s’approprier leurs héros et au reste du monde de les découvrir ». La ligne démarcative entre la représentation et la chose représentée comporte des enjeux parce qu’elle définit le regard sur le monde, exalte ou abat la fierté des peuples.
Prix de l’Ue du Dak’Art 2002
De mère française et de père ivoirien, Valérie Oka part, à l’âge de 8 ans, en France, pour poursuivre ses études. En 1985, elle cède à la passion de l’art pour s’inscrire à l’Ecole supérieure des Arts graphiques et d’Architecture intérieur de Paris. Elle y obtient, en 1990, son master. Après cinq ans comme directrice de création en agence de publicité, elle rentre en Côte d’Ivoire, son pays natal. Celle qui est nommée, en mars 2018, parmi les 30 femmes les plus influentes de Côte d’Ivoire, met son expertise et son génie au service de plusieurs structures et de ce qui la passionne, l’art. Elle a servi plusieurs ministères de son pays en tant que conseiller technique. Au début des années 2000, Valérie Oka devient spécialiste de l’Unesco pour la convention 2005 en faveur de la protection et de la promotion de la diversité des expressions culturelles.
La vice-présidente du Congrès culturel panafricain de l’Union africaine depuis 2015, membre du jury Fespaco de 2017, est consacrée, en 2016, 3ème meilleure artiste africaine d’art contemporain par « Into The Chic » de Jeune Afrique.
Alassane Aliou MBAYE